14. mai 2020

La géomatique dans l’ère de la numérisation

Géomatique : de la géographie sous forme informatique ? Purement sémantiquement, oui ! A l’heure de la mutation numérique, la réponse est toutefois plus complexe. Les nouvelles technologies révolutionnent non seulement les différents instruments et machines de chantier, mais changent le quotidien des cadres de la construction. Echange avec un expert du domaine et formateur professionnel, Sébastien Viret.

 

Par définition, la géomatique regroupe l'ensemble des outils et méthodes permettant d'acquérir, de représenter, d'analyser et d'intégrer des données géographiques. Appliquée à la construction, elle comprend l’implantation, le levé, les calculs de surfaces-volumes ainsi que les contrôles. Particulièrement dans le bâtiment, la géomatique a un rôle primordial. D’autre part, l’évolution numérique a des impacts sur l’organisation d’un chantier, et redistribue les cartes quant aux responsabilités des acteurs. Sébastien Viret, entrepreneur et chargé de cours pour Cades de la Construction Suisse fait part de sa vision du futur, mais aussi de ses craintes.

Opportunités

L’évolution numérique de l’instrumentation dans le domaine de la prise de mesure sur un chantier permet, outre de laisser les plans papier au bureau, d’optimiser plusieurs facteurs économiques, et, de ce fait, de diminuer les coûts générés. Comment ? « Les nouveaux appareils de mesures – comme jusque-là le Builder et actuellement la famille iCON de Leica (Robot, GPS, tablette) – proposent des programmes spécifiques à la construction, vulgarisant certains procédés tel que le relevé, l’implantation, la visualisation des points, lignes et couches de données. Les drones ont aussi prouvé leurs capacités dans la collecte de données rapide et en sécurité» répond l’expert. Certains travaux effectués jusqu’à présent par les géomètres deviennent ainsi à la portée par exemple des contremaîtres et chefs d’équipes, qui gagent en autonomie. Un atout pour la productivité et la planification.

Sébastien Viret souligne également l’aspect pratique des solutions « cloud » « pour un échange de données sûr et en continu, avec une base commune. Toutes les informations saisies par tous les corps de métier – conducteurs de travaux, géomètres, architectes, ingénieurs – sont à l’état brut initial. On observe une diminution du risque d’erreurs, les données n’ayant pas dû être retranscrites. Elles peuvent par conséquent directement être intégrées dans un plan. Il s’agit d’un gain de temps et de fiabilité incroyable». Et le potentiel de développement dans ce domaine reste important : « Un partage de données sur une plateforme uniformisée se révèle particulièrement intéressant lorsque des mesures sont effectuées avec plusieurs instruments en même temps sur un même chantier. De Plus, la base de points fixes est introduite par importation et « gelée », ce qui élimine le risque de manipulation » poursuit-il, et conclut avec un autre atout non-négligeable : « La gestion à distance par logiciels augmente la réactivité dans la résolution de problèmes techniques par exemple ».

 Il ressort de ces constatations que le principe du BIM s’établira tôt ou tard.

Dangers et facteur humain

« Si, grâce aux instruments actuels à haute précision et l’utilisation simplifiée de ceux-ci certains travaux de terrain du géomètre sont réalisables par d’autres acteurs de la construction, le contrôle et avant tout l’interprétation de données ne peuvent s’effectuer sans ce même géomètre. L’interaction des parties concernées autour d’une table restera encore longtemps nécessaire » : telle est la vue de Sébastien Viret ; pour qui « le facteur humain aura toujours un rôle prépondérant sur le chantier ». Un simple oubli de téléchargement de données par une des parties impliquées handicape rapidement toute la chaîne…

De plus, le développement technologique « redistribue certaines responsabilités des acteurs sur le chantier, accablant peut-être des fonctions déjà exigeantes ».

Vision du futur

Sébastien Viret est convaincu qu’«avant un prochain grand pas dans la numérisation et l’automatisation d’autres procédés, les nouvelles technologies doivent s’établir auprès de la plupart des acteurs, et la capacité des outils actuels doit être encore mieux exploitée ». L’introduction, d’imprimantes 3D, la télécommande à distance et sans pilote de grosses machines ainsi que les mises en stations d’instrumentation sans l’intervention humaine n’est à ses yeux pas pour demain.

Le monde de la construction a encore besoin d’un peu de temps, la géomatique de données de terrain concrètes informatisées et tous les partenaires d’un interlocuteur humain…

 

Fiche signalétique :

Nom: Sébastien Viret

Fonction: directeur chez NivelTec, chargé de cours à Cadres de la Construction Suisse ainsi qu’à l’école de la Construction à Tolochenaz (formation adulte)

Formation : CFC de dessinateur géomètre, puis diplôme ingénieur HES en géomatique

Credo : Vivre avec et de sa passion !

 

 

Texte : Floriane Dudek

Personnel, rapide et direct

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